Bordeaux : la bagarre entre deux squatteurs finit au tribunal

Publié le : 17/02/2021 17 février févr. 02 2021
Source : www.sudouest.fr
Le parquet les avait renvoyés dos à dos et devant le tribunal correctionnel. Mais une version a été jugée plus crédible à l'audience. La juge tranchera en mars.

" Les précisions sont différentes ", résume sobrement la présidente de l'audience correctionnelle de la troisième chambre, Christine Mounier. Mercredi 10 février, deux jeunes lui font face pour répondre de violences réciproques. L'un avait au départ plutôt l'étiquette de victime, mais le parquet a décidé de renvoyer les deux jeunes dos à dos et devant le tribunal.

Le 13 mai 2019, Police secours est appelée rue de Nuits à Bordeaux pour une bagarre. De fait, deux jeunes sont retrouvés blessés et avec des plaies saignantes. La dispute aurait débuté dans un squat où cohabitent plusieurs communautés aux différences et différends religieux et culturels difficilement conciliables.

" Mais il a complètement changé l'histoire "

" J'étais blessé plus que lui ", commence un des prévenus, marocain. " Ça faisait au moins quatre fois qu'on se disputait. À chaque fois, c'était pareil, il amenait trop de gens, il buvait et faisait du bruit. Là c'était ramadan. Je dormais, je lui ai demandé de parler moins fort. Ça ne lui a pas plu. Il a poussé ma femme. Je l'ai frappé avec les mains. Il avait un couteau. " Il montre les traces sur son corps : " là, là et là. On a fini dans la rue. "

" Mais il a complètement changé l'histoire ", se désole le coprévenu africain. La riveraine qui a prévenu les secours affirme également que c'est le premier qui était armé d'un couteau avec " la ferme intention de piquer " le second qui se serait défendu.

Le contentieux n'est pas réglé, la querelle continue à l'audience. " On s'est demandé pardon et on a réglé l'affaire entre nous ", tempère le premier prévenu au casier judiciaire déjà rempli et qui a eu cinq jours d'incapacité totale de travail et une légère boiterie. " Mais pas du tout ", s'insurge le second. " Il m'a menacé et a fait venir ses frères pour me faire partir ! ".

Huit mois ferme et 200 euros d'amende requis.

La vice-procureure, Sylvie Rodrigues se base sur le témoignage de la riveraine qui a vu clairement que le second tentait d'échapper au premier et s'est défendu comme il a pu. Elle requiert huit mois ferme contre le premier et 200 euros d'amende pour le second.

Me Vincent Aymard, qui défend le jeune africain, approuve, ravi qu'on apporte " plus de crédit " à la version de son client. L'autre prévenu " ne supporte pas la présence et le mode de vie des autres, comme si c'était son squat. Et notamment il n'aime pas les shorts et débardeurs que portait mon client, en a fait la remarque, n'a pas aimé la réponse et encore moins de ne pas avoir le dessus, alors il est revenu avec un couteau. Mon client, demandeur d'asile a fui et a eu une défense proportionnée à l'attaque subie. "

Me Aurore Le Guyon n'a pas la même lecture du dossier. " Tout n'est pas tout blanc ou tout noir. L'élément objectif, c'est tout de même le certificat médical. Il ne s'est pas mis des coups de couteau tout seul ! ". La juge rendra son délibéré le mois prochain".
 
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